jeudi, novembre 10, 2005

Un poème de Michel Brilouet ...

... en hommage à Mademoiselle ROUSTIN

Aujourd’hui , c’est inouï :
Ma fenêtre s’est ouverte sans raison
Le soleil jouait sur la margelle
En comptant ses pigeons
Un, deux, trois : Attention au chat
Caché derrière les vitres
De mon lit, je suis jeté dans la cour.
Explosion de gaz ? non tout est calme.
Dans l’air flotte un parfum de fleurs.
J’ascensionne très vite le long
Des façades grises des maisons.
Les fenêtres me regardent passer
Plus léger qu’un ballon.
Je monte vers l’azur transparent
Qui a mis sa somptueuse nappe bleue
Comme pour un repas des Dieux.
Je survole ahuri. maintenant l’école d’Emilie
Dont la cour est une énorme rose.
Les enfants me voient et crient :
Madame, Madame, là au-dessus des cheminées …
Je vois à chaque doigt tendu : une fleur
Sur chaque bouche ronde : un cœur.
De la rue plongeante en parure de fête
Les gens pourtant ne semblent pas étonnés.
Mais ils s’arrêtent pour s’embrasser et s’offrent des fleurs :
J’aperçois la concierge du 120 avec le facteur
Le percepteur avec l’ami de sa femme
Les passagers du bus avec le conducteur
Bref, se déroule dans la rue un ruban de gaîté
Et moi, plus mort que vif, de cette lévitation
Redescendu sur le trottoir. Reprenant mes esprits.
Mon chat à mes côtés s’étant mis à parler :
« ça va la tête »
un vieux monsieur d’un air outragé
deux boutons d’or sur le nez. Piqués.
Me dit, enfin, très digne :
Mais jeune homme, ne savez-vous pas que c’est :
Aujourd’hui le printemps.

« Etoiles en Branches » 1986

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

ce poème est très très joli...
avec le poète, on perd un peu le boule par moment,
et puis ouf ! on retombe sur nos pieds... c' était le changement de saison...

bravo !
amicalement

violaine (nov 05)

6:31 AM  

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